Rene Ugarte abstraction géométrique
Une géométrie rigoureuse illusoire
"Je pense que lorsque l'on parle de la peinture, on utilise toujours les mêmes termes. Je m'emploie inlassablement à les mettre en déséquilibre, en critique...
Il s'agit surtout de la continuité d'une idée (la dynamique associée à l'ambiguïté) que je développe depuis plusieurs années avec la même exigence.
L'ambiguïté est produite par la dynamique de la structure proposée.
Quand on regarde un élément géométrique, il est très structuré. Tout mon travail réside dans sa déstructuration. Je parle de dynamique en temps qu'idée évolutive."
René Ugarte, 2007
La dynamique d’Ugarte
Les œuvres sur bois et toiles de René Ugarte apparaissent comme une configuration relativement simple d’éléments purement formels: couleurs, formes, lignes et plans. Les lignes traversent le tableau horizontalement et verticalement, en diagonale. Elles forment une grille irrégulière contenant des zones de couleurs plates et rectangulaires. La disposition est asymétrique, mais la manière dont ces blocs de couleur sont associés dans tout le tableau maintient une impression d’équilibre ou d’unité visuelle. Et pourtant si tout paraît simple et structuré au premier abord, on s’aperçoit très vite face aux œuvres que la géométrie rigoureuse chez Ugarte est illusoire.
En effet, il joue d’ambiguïté et de dynamique pour atteindre la déstructuration. C’est cela avant tout qui intéresse l’artiste, utiliser les moyens les plus simples pour arriver à une nouvelle lecture. « L’ambiguïté est produite par la dynamique de la structure proposée. Quand on regarde un élément géométrique, il est très structuré. Tout mon travail réside dans sa déstructuration. Je parle de dynamique en tant qu’idée évolutive. »
Formé à l’École des Beaux-Arts de Valencia au Venezuela, René Ugarte arrive à Paris en 1975. L’art abstrait est dominant avec la reconnaissance publique notamment de Kasimir Malevitch, fondateur du suprématisme, mais aussi des peintres du néoplasticisme Piet Mondrian et Théo van Doesburg. À son arrivée en France, c’est avant tout à eux qu’ Ugarte se réfère : « Au Venezuela, nous étions surtout confrontés au réalisme socialiste. C’est un pays où il faut toujours réinventer...
Le mouvement cinétique, l’abstraction nous permettait de travailler sans tabou...J’ai découvert que mes références se trouvaient avant tout dans le constructivisme russe, dans Mondrian... »
Son intégration est aussi facilitée par la présence d’artistes vénézuéliens comme Jesús Rafael Soto célèbre pour ses peintures et constructions géométriques, jouant avec les effets d’optique et Carlos Cruz-Diez lui aussi artiste cinétique : « en travaillant avec lui dans son atelier c’est le souci de la réflexion critique que je découvre. »
Et Ugarte n’a de cesse dans son œuvre de « déclencher un système critique : un parti pris périlleux au regard de l’histoire de l’art géométrique. Mais un créateur se doit d’inventer un langage nouveau. Je pense que lorsque l’on parle de la peinture, on utilise toujours les mêmes termes. Je m’emploie inlassablement à les mettre en déséquilibre, en critique... Il s’agit surtout de la continuité d’une idée (la dynamique associée à l’ambiguïté) que je développe depuis plusieurs années avec la même exigence. »
Gilbert Brownstone, juillet 2007
(extrait du catalogue de l'exposition "Dynamique Rectangulaire", Espace Meyer Zafra)
La « lecture ambigüe» de René Ugarte
Structurer aujourd’hui un discours plastique original n’est pas si simple car, apparemment, tous les chemins de la peinture ont été parcourus. C’est pour cela peut-être, que l’expression des nouvelles générations s’est éloignée du strictement pictural, pour devenir un discours métaphorique d’intentions diverses.
Heureusement comme le chemin de la peinture est infini, René Ugarte, à travers ses œuvres,
a trouvé de remarquables solutions aux problèmes de la perception ambiguë de l’espace pictural.
Des années durant, Ugarte a développé un discours de plus en plus cohérent, combinant le bidimensionnel de la peinture à des volumes superposés. Il parvient à créer des lectures dynamiques et instables qui évoluent au moment où l’on se déplace face à l’œuvre.
Les lignes et les couleurs sont toujours au service de la subtile et surprenante mise en jeu de sa proposition.
René Ugarte est un artiste de réflexion et d’analyse sur l’art et spécifiquement sur la peinture.
Il a su ordonner et maîtriser les découvertes successives de sa recherche.
Carlos Cruz-Diez, juillet 2007